Gildas Thomas (photo Serge Féchet)
28 mars 2015, en scène à domicile, Artigat (Ariège),
Chanteur de proximité, Gildas Thomas a tout, dans son répertoire comme dans son interprétation, pour satisfaire ceux qui ouvrent leur maison aux voisins, aux amis pour un temps de chansons. Il a cette simplicité et cette authenticité des mots qui vont aller toucher les cœurs. Pas de doute, il fait mouche parce qu’en miroir il nous parle de nos vies, de nos émotions, de nos questions, de nos rêves.
Depuis la publication de son premier album en 2004, J’m’endors pas qui lui valut un coup de cœur Chorus, il s’empare de notre temps et en fait des bouts de chansons que l’on peut s’approprier et fredonner immédiatement.
Ce soir, en duo guitares avec Stéphanie Blanc, il offre un habillage subtil à ses mots. Cordes nylon et cordes acier se répondent, offrant aussi un instant musical savoureux. C’est léger, dansant sans que l’on perde un mot de ce qui est chanté. Plaisir simple de spectateur toujours bon à souligner !
Ce soir, Gildas a bâti son concert en empruntant à ses trois albums avec justesse, pertinence, par ces temps de doute où le monde au quotidien agite sous nos yeux ses monstruosités. Alors, oui, c’est un homme debout comme le tout premier de notre humanité, écartelé entre « toute cette beauté et tout ce merdier » !
Le monde change… Certes la quête d’amour s’exprime sur écran, certes, elle prend des apparences de « marché de la séduction » mais, voilà, l’amour reste un mystère, Le mystèrequi fait tourner la Terre et c’est toujours aussi difficile de résister à l’usure, à ces « petits riens auxquels il faut crier gare ». Pas d’autre solution que d’être Vigilant. Pour autant, pas question d’opter pour la nostalgie, pour le temps d’Avant, pour celui des Robes blanchesde mariées dont le destin tracé n’a rien d’exaltant, surtout au lit ! C’est que l’auteur offre aux femmes une empathie particulièrement émouvante comme dans Elle lave ses cheveux, moment de renaissance, de retour à soi, à son corps, après la maladie, ou bien dans Beauté anonyme, chanson qui s’adresse aux femmes voilées, thème sensible s’il en est.
Le plus souvent, les chansons s’en vont du côté de notre humanité le plus partagée. Humanité des bagarres interminables, des épisodes sanglants qui commencent toujours de la même façon : « C’est pas moi, c’est lui ! ». Celle des Langues de vipère, langues les plus vivantes. Humanité des religions, « toutes ces légendes à travers le globe ». Comme on ne saura pas la clef de tout ça, autant « savourer cet instant au pied des mélèzes »… Humanité des rêves jamais assouvis jusqu’à ce que la mort nous rattrape. Humanité des rêves vite engloutis. Mais rien, jamais, n’empêchera l’homme de construire ses Barrages, dérisoires barrières de sable qui s’en vont boire la tasse.
Gildas Thomas nous chante notre humanité, celle d’aujourd’hui, celle d’hier… Et de demain ? Sans doute.
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